L'HÉRITAGE DE SARTRE TRAHI PAR LE JOURNAL QU'IL A FONDÉ

L'HÉRITAGE DE SARTRE TRAHI PAR LE JOURNAL QU'IL A FONDÉ

Libération, le quotidien français fondé par Jean-Paul Sartre en 1973, est le dernier en date à rejoindre la liste ignoble des organes de presse qui ont diabolisé le principal mouvement d'opposition démocratique iranien. Le 26 novembre, Pierre Alonso, un apologiste de facto du gouvernement théocratique fasciste iranien, a écrit un article dans lequel il reprend les plus grandes rengaines des collaborateurs du régime iranien sur les Moudjahidine du peuple (MEK), comme les taxer de "groupe islamo-marxiste" qui s'est "rangé du côté de Saddam Hussein" et qui "a figuré pendant des années sur les listes des organisations terroristes aux États-Unis et en Europe". Tout un fatras de mensonges et de propagande éculés et fastidieux injectés dans le système par le ministère iranien du Renseignement et de la sécurité (MOIS), une dangereuse organisation de type KGB qui figure en réalité sur les listes de terroristes aux États-Unis et en Europe.    

Le MOIS entretient une banque de journalistes utiles qu'il déploie en temps de crise pour tenter de diaboliser les MEK, auquel il voue une haine ardente. Cet article s'inscrirait-il dans cette campagne ou résulterait-il d'un manque de connaissance à propos des MEK? Les mollahs médiévaux considèrent les MEK comme la plus grande menace à la poursuite de leur régime profondément corrompu. Ils les accusent d'être à l'origine des soulèvements nationaux qui ont périodiquement éclaté en Iran, conduisant à des répressions meurtrières prévisibles. La crise qui a inspiré leur plus récente campagne de diabolisation pourrait pourtant s'avérer être le dernier chapitre des mollahs. Le 27 novembre, au lendemain de la parution de l'article de Pierre Alonso dans Libération, s'est ouvert en Belgique le procès d'Assadollah Assadi, haut diplomate de l'ambassade d'Iran à Vienne, et de trois autres co-conspirateurs, accusés de terrorisme. Assadi est le premier diplomate en exercice à être accusé d'infractions terroristes. S'il est reconnu coupable, il pourrait être condamné à la prison à vie. 

Le 1er juillet 2018, Assadi a été arrêté et accusé d'avoir passé 550 g de TATP, explosif à haute teneur de triacétone triperoxyde, et un détonateur à un couple irano/belge d'Anvers. Il a été filmé par les services de sécurité de l'UE en train de remettre la bombe à Amir Saadouni, 40 ans, et à sa femme, Nasimeh Naami, 36 ans, dans un restaurant Pizza Hut au Luxembourg. Selon les preuves révélées par le procureur belge, Assadi leur avait ordonné de faire exploser la bombe lors d'un grand rassemblement du Conseil national de la résistance iranienne, auquel assistaient des dizaines de milliers de personnes à Villepinte, près de Paris. Un troisième co-conspirateur, Mehrdad Arefani, a également été arrêté. Des personnalités politiques internationales de premier plan et de hautes autorités avaient pris la parole lors de ce rassemblement, notamment Newt Gingrich, l'ancien président de la Chambre des représentants des États-Unis, le gouverneur Bill Richardson, Stephen Harper, l'ancien premier ministre du Canada et Theresa Villiers, députée, ancienne ministre du gouvernement britannique. La principale cible de la bombe était la leader charismatique des MEK, Mme Maryam Radjavi, mais Assadi avait donné l'ordre à ses co-conspirateurs de tuer et de mutiler autant de personnes que possible. Le procureur belge a expliqué que l'attentat à la bombe avait été soigneusement planifié à Téhéran et impliquait clairement les plus hauts échelons du gouvernement iranien.

Dans la panique et l'embarras de voir l'un de leurs diplomates pris en flagrant délit de tentative de meurtre et de mutilation de centaines d'innocents sur le sol européen, les mollahs ont eu recours à leurs représailles traditionnelles. Depuis deux ans, ils tentent d'insister sur l'immunité diplomatique d'Assadi, en exigeant sa libération. Ils ont ordonné à Assadi de ne pas se présenter au tribunal d'Anvers, en invoquant le privilège diplomatique. Assadi lui-même a déclaré à la police belge que s'il était reconnu coupable, il y avait un certain nombre de groupes armés en Iran, au Yémen, en Syrie et au Liban qui chercheraient à se venger. Mais les autorités belges, françaises et allemandes ont courageusement résisté à toutes les menaces et ultimatums de Téhéran. Le procès a repris le 3 décembre et un verdict est attendu au début de la nouvelle année.

Jean-Paul Sartre, le fondateur de Libération, a déclaré : "Chaque parole a une conséquence. Chaque silence aussi." Il aurait eu honte que son journal puisse faire une propagande aussi infâme, en publiant des mots qui renforce un régime terroriste, régime qui envoie ses diplomates en mission pour tuer en Europe. Il aurait été mortifié par le silence de Libération sur la brutalité, la répression et les violations des droits de l'homme en Iran et il se serait senti humilié par le fait que Libération ne soutienne pas le peuple iranien dans sa quête de liberté, d'égalité et de fraternité.

Struan Stevenson est le coordinateur de la Campagne pour le changement en Iran (CiC). Il a été membre du Parlement européen représentant l'Écosse (1999-2014), président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l'Irak (2009-14) et président de l'intergroupe des Amis d'un Iran libre (2004-14). Il est un conférencier international sur le Moyen-Orient et est également président de l'Association européenne de liberté Irakienne (EIFA)